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mardi 1 avril 2008

Éduquer ses enfants - L'urgence aujourd'hui. Aldo Naouri


Éduquer ses enfants - L'urgence aujourd'hui 

Aldo NAOURI 
Odile Jacob, Paris, 03/2008, 336 p.

Livre

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Aldo Naouri : Depuis Les Filles et leurs mères, le succès d'Aldo Naouri ne se dément pas, notamment avec Les Pères et les Mères et, plus récemment, avec Adultères.
Résumé :

Quand nos enfants déraillent, il faut se poser les vraies questions. Les conditions sociales n'expliquent pas tout. Et l'amour ne suffit pas ! 
Et si la cause du mal résidait dans un déficit de réflexion sur ce que doit être l'éducation de nos enfants ? 
La vie en société exige en effet de chacun qu'il se plie à un certain nombre de règles et qu'il les fasse siennes. C'est le principe de toute éducation. On s'en est singulièrement écarté. 
Mais avant toute chose, il faut savoir ce qu'est un enfant, ce qu'il lui faut vraiment pour devenir adulte, comment se comporter avec lui en tant que parent. Et surtout comment, dès les premières années qui sont décisives, exercer au mieux le difficile métier de parent. 
Le regard lucide d'un pédiatre sur ce qui fait aujourd'hui défaut dans notre façon d'élever nos enfants. 
Une réflexion qui aidera chacun à s'interroger sur le sens de sa mission et sur les vrais besoins de l'enfant. Un ouvrage qui fera débat.

Commentaire :

Voici un ouvrage à mettre absolument entre toutes les mains, en particulier celles des parents ou futurs parents. 

Aldo Naouri, pédiatre de renom, nous livre les principes de base de l’éducation. Il le fait de manière explicite et agréable à lire, s’appuyant sur sa longue expérience de praticien et son excellente connaissance des enfants et de leurs parents. Il parle haut et clair, allant à l’encontre des idées reçues en matière éducative et du politiquement correct. Il décline le principe éducatif de base sous toutes ses formes, par des exemples nombreux et circonstanciés. Ce principe dit qu’éduquer consiste à faire comprendre que « dans la vie on ne peut pas tout avoir ». Il s’oppose à celui qui a cours aujourd’hui et qui inculque à l’enfant qu’il « peut tout avoir et qu’il a droit à tout ». 

L’auteur s’inscrit dans ce courant qui considère qu’un enfant se construit dans le manque et dans le non, ce qui ne veut pas dire dans la privation. Cette règle éducative a été appliquée pendant des siècles, par le biais d’un savoir-faire possédé par tous, indifféremment du niveau social ou des prises de position idéologiques. Le revirement est directement issu de la révolution éducative de mai 68 ; il a bouleversé la constitution de la cellule familiale et les rôles de chacun de ses membres. Ainsi l’enfant a été promu au sommet de la hiérarchie familiale devenant ainsi objet de dévotion, séduction, soumission, toutes choses opposées à une éducation efficace. Aldo Naouri n’hésite pas à parler de « défaut éducationnel » pour qualifier l’origine des troubles comportementaux des enfants d’aujourd’hui qui peuplent les cabinets des pédiatres ou des psy. En matière scolaire, le phénomène fut identique : on a mis aussi l’enfant au centre du système pédagogique, on a décidé que l’école ne devait plus se cantonner à la seule transmission des connaissances. Nous connaissons maintenant les résultats de cette école. 

A titre d’exemple, je retiendrai le chapitre « Qu’est-ce qui fait obstacle à l’éducation ? » (pages 163 à 176) dans lequel l’auteur énumère tout ce qui dans le contexte actuel, rend l’éducation difficile, puis propose des solutions. En voici la liste :
- Le lien entre la mère et l’enfant est beaucoup plus intense qu’autrefois : les mères « tissent autour de leur enfant un utérus virtuel pérenne extensible à l’infini ». 
- Ce lien est encouragé par le message sociétal. 
- Nouvelle place du père dans la société. 
- Bouleversement des statuts familiaux. 
- Multiplication des familles recomposées, accroissement des divorces, « le tout prenant l’allure d’une évolution libertaire qui désavoue et condamne à terme l’institution familiale. » 
- « … les effets collatéraux de la démocratie » avec la disparition des échelles de valeurs selon l’adage « tout vaut tout et rien ne vaut rien ».
- La révolution idéologique de mai 68.
- La place conférée à l’inconscient : « Grâce à elle, chacun sait désormais, quand ça l’arrange, comment s’exonérer de sa responsabilité, s’absoudre du pire de ses comportements et aller jusqu’à récuser les arguments de la rationalité autant que ceux de la réalité la plus objective. » 
- La surinformation comme source de confusion. Tout le monde a un avis sur tout : « Le principe du respect absolu du droit de chacun à faire et à se comporter comme il l’entend et à avoir ce qu’il estime lui être dû. » 

Voici donc une synthèse riche et argumentée qui ose enfin dire les choses sans hypocrisie ni démagogie ; elle fera peut-être prendre conscience combien il est grave et dangereux de ne pas donner d’éducation adéquate aux enfants : c’est refuser de les aider à devenir des adultes équilibrés, prêts à affronter la vie, par pur narcissisme. Quant aux solutions que propose Aldo Naouri, il sera difficile de les faire passer dans les idées reçues, sans qu’une autre révolution des idées intervienne. Néanmoins, la publication de cet ouvrage grand public témoigne tout de même d’un progrès en la matière. Espérons qu’il fera école et qu’il sonnera enfin le glas de l’ « infantolâtrie » (terme inventé par Aldo Naouri).


samedi 1 mars 2008

MEN-DEPP Evolution des performances en lecture des élèves de CM

Résultats de l'étude internationale PIRLS
Auteurs : Marc Colmant et Séverine Dos Santos
Note d'information, n° 08.14
03.2008

Doc

Voici une synthèse sur l’étude PIRLS 2006 mettant l’accent sur les résultats des élèves français en lecture et les situant par rapport aux pays de l’Union Européenne.

L’étude PIRLS s’adresse à des élèves de CM1 dont on évalue la performance en lecture sur une dizaine de textes. (de 600 à 1000 mots). Quatre compétences sont mesurées :
• Prélever des informations explicites
• Faire des inférences directes
• Interpréter et assimiler des idées et informations
• Examiner et évaluer le contenu de la langue, les éléments textuels.

La France est très mal placée à l’échelle internationale mais surtout à l’échelle européenne. Dans l’UE, il n’y a que l’Espagne derrière. La France obtient un score de 482 points alors que la moyenne est estimée à 500 pts. Les filles ont de meilleurs résultats que les garçons, ce qui est commun à tous les pays. Dans le groupe européen, les Français sont surreprésentés dans le groupe des plus faibles.

Par rapport à la dernière étude PIRLS 2001, il y a eu une baisse dans l’enseignement public hors ZEP, une stabilité en ZEP et une hausse dans l’enseignement privé.

Les élèves français sont particulièrement faibles dans les compétences « inférer » et « interpréter et apprécier ». Par ailleurs il y a un très grand taux d’abstention quand les réponses requises doivent être rédigées. Ils réussissent mieux sur les textes à caractère informatif pour le prélèvement d’informations et quand les questions sont sous forme de QCM.

S’il est difficile de tirer une conclusion péremptoire, on peut néanmoins remarquer que la responsabilité est partagée sur toute la scolarité qui a précédé. Les élèves en CM1 en 2006 sont supposés avoir suivi les programmes de 2002. On observe aussi que les défaillances portent sur la compréhension fine. Ce qui pourrait donner des pistes de remédiation par un travail plus systématique sur la langue, sur le vocabulaire, sur la culture d’arrière-plan, sur l’expression écrite.